Vous avez sans doutes déjà remarqué ça : les fantasmes ont beau être d’ordre privé, et parfois intimes, ils n’en sont pas moins récurrents, et donc peu originaux.
Non, je ne vais pas vous parler de blonde à forte poitrine, mais d’ile. Mais si vous savez : l’ÎLE, avec toute la part d’imagination que cela suppose : L’île des Zertes, celle de Peter Pan, de Brel, de Robinson, l’île au trésor, etc. Et bien dans cette série, il y a l’île de Boipeba.
Fred et moi étions déjà venus nous balader au Brésil, mais séparément et à des époques différentes. Or Fred tenait vraiment à me faire découvrir l’ile de Boipeba, qu’elle avait particulièrement appréciée, et que je ne connaissais pas. Une petite île au sud de Salvador accessible via de petites embarcations qui font office de bus aquatiques. Car sur cette île, il n’y a pas de véhicules. Enfin si : deux flics à moto et le tracteur municipal pour le ramassage des ordures. C’est tout. Notre moto est donc restée sur le continent et nous sommes partis pour une heure ou deux de navigation sur un fleuve avant d’atteindre son embouchure et… Boipeba.
Il ne s’agit ni d’une île déserte, ni d’une île qui serait “restée à l’écart du temps”. Mais si, en règle générale, les brésiliens sont peinards, il y a ici un degré supplémentaire de “coolitude” qui ne peut que séduire.
Ainsi, par exemple, avant de choisir où poser nos affaires, nous avons commencé par nous asseoir autour d’une bière fraîche, à deux pas de la place centrale du village. Au moment de payer, la patronne (Jo) nous offre la bière, en nous disant que nous paierons une autre fois ! Un peu surpris, je me dis que c’est à la fois gentil et malin puisque cela nous encouragera à revenir chez elle. Aussi, le soir venu, nous sommes retournés au “cavalo marinho” (c’est le nom du troquet), dans l’idée d’y manger. Mais elle ne faisait pas à manger. Un peu déçus, nous nous sommes donc rabattus sur une valeur sûre en reprenant une bière. Reniflant notre déception, Jo est revenue nous voir peu après en nous proposant de nous préparer quelque chose de simple, avec ce dont elle dispose en cuisine. Bien sûr, nous avons accepté. Poisson, riz, l’immanquable feijoada, quelques crevettes accompagnées d’une sauce pimentée délicieuse. Bref, nous nous sommes régalés. Au moment de payer, la bière de l’arrivée est restée offerte, et le repas facturé à un prix symbolique (autour d’1€ chacun). Sympa comme arrivée !
Les jours suivants, nous avons déambulé dans l’île or, Boipeba c’est presque une caricature de l’île. Puisqu’il n’y a pas de véhicules, il n’y a pas de routes non-plus. C’est donc à pied, et via des chemins ensablés, que nous avons découvert son littoral et les quelques cabanes où il y a toujours un truc à boire. Des plages, aussi immenses que sauvages et vides, composent un décor “qui tue” pour toi tout seul, ou presque.
De retour au village, la même ambiance paisible persiste. face à l’école municipale (où les écoliers ont repris la classe depuis fin Juillet) il y a quelques stands/gargotes qui vendent de délicieuses crêpes de manioc.
Puis, chaque soir nous sommes retourné chez Jo, et chaque fois elle a cuisiné juste pour nous, par gentillesse. Chaque fois nous avons aimé son bar et son ambiance : musique à fond, les clients pêcheurs/buveurs de bières (prêts à en découdre avec le stock de Skol…), qui passent la soirée en dansant et chantant à tue-tête, sur des morceaux choisis de standards brésiliens ou de… Dires Straits !
Le soir précédant notre départ, après quelques photos souvenirs, Jo nous a pris dans ses bras en nous demandant quand reviendrons-nous ?
Alors bien sur, les lieux aimés au cours d’un voyage, ceux qui resteront dans les souvenirs, le sont aussi par les rencontres qu’on y fait, mais croire à un peu de magie qui tiendrait au lieu en lui même, est une croyance qui pousse à entretenir le rêve. Et j’aime bien aussi cette idée là.