Maintenant « qu’on sait ce qu’on sait », pour être tout à fait franc, on n’était pas hyper détendus à l’idée de repasser au Honduras. Pourtant, avec un pauvre petit transit (moins de 200 km d’une frontière à l’autre), nous avons décidé d’y faire une révision des motos. Nous avons choisi notre pause nocturne en fonction de la présence d’un atelier officiel Italika. On s’attendait donc à trouver un concessionnaire de la marque comme il en existe des centaines au Mexique. Mais après avoir bien fouillé la petite ville en question, nous avons trouvé un magasin de pièces détachées et juste à côté un atelier sans nom dont la zone de travail s’étend sur le trottoir en terre battue (bien imbibée par des restes d’huile en tout genre). Pour y faire faire les vidanges et changer les bagues de bras oscillant bien fatiguées (important jeu latéral) c’est donc là que nous avons atterri.
Déjà, c’est assez drôle la façon dont cette prise en charge se passe. On n’imagine pas se pointer dans un garage pour y demander un entretien et réparation de deux motos sans rendez-vous… Mais ici, c’est tout à fait normal. Après avoir acheté l’huile et les pièces (environ 10€ par moto) dans la boutique officielle, deux gars se sont jetés sur nos motos en posant les axes, boulons et les outils par terre en fonction de l’avancement de l’opération, puis en se rapprochant d’un poste à souder avec nos bras oscillants en main. Pendant ce temps, Fred (qui est passionnée par la mécanique) finissait sa nuit sur un banc et un dernier larron (un costaud avec des mains noires de cambouis et un grand sourire), dont je n’ai jamais su s’il travaillait là ou pas, m’interrogeait sur notre voyage, notre famille, puis sur la France et enfin sur mon regard vis à vis de dieu…
Poliment, je lui ai dit que j’étais athé mais que je respectais toutes les croyances. « C’est parce que tu n’as pas encore eu la révélation » m’a-t-il assuré. « Mais ça viendra. Avant j’étais comme toi et un jour j’ai senti sa présence. Depuis, j’ai vraiment changé ». Ok, vu comme ça, l’échange peu sembler un tantinet relou. Mais en fait ce gars était juste adorable. J’ai simplement arrêté d’argumenter et réitéré que pour moi, chacun était libre de croire ou pas, et que ça ne me posait pas de problème. Pendant ce temps, les mécanos galéraient pour extraire les bagues usées des bras oscillants (poste à souder, marteau et burin)… alors la conversation était longue également. Mais au moment de partir, c’est tout juste s’il ne nous a pas pris dans ses bras. Il était content de nous avoir rencontré… et je dois bien avouer que moi aussi !
Au final, nous avons payé 10 balles par moto ce qui, pour quelques heures de mécaniques et de théologie n’était pas bien cher !
Adieu l’ami.