(Dix km à pieds, ça use, ça use…)

Depuis notre retour au Mexique, nous avons traversé l’état du Chiapas, essentiellement par les montagnes, avec une pause de quelques jours à San Cristobal de las Casas (2100 m d’altitude, ou quelque chose comme ça). Une belle ville bien agréable dont l’architecture coloniale du centre historique évoque Antigua (Guatemala), mais avec moins de touristes, et du coup avec moins l’effet Disneyland aussi. Mais depuis le Guaté, ça fait quelques semaines qu’on traîne en altitude. Toute relative, certes, mais suffisamment pour oublier les fortes chaleurs de la côte. En redescendant de nos montagnes, nous avons donc retrouvé les 37° syndicaux du quotidien et aussi l’axe majeur panaméricain.

En fin de cette première journée dans le cagnard, nous avons remarqué plusieurs groupes de dizaines de personnes (parfois plus) marchant le long de la route. Innocemment, nous avons d’abord cru qu’il s’agissait de travailleurs sortant du boulot et qui, leur boulot sans doute pas trop pénible, rentraient peinards à pieds. Mais plus on avançait, plus on se rendait compte que ce flux de marcheurs semblait sans fin et que donc que cet hypothétique boulot était sacrément loin !

Alors j’ai émis une autre hypothèse : il ne pouvait s’agir que de militants écolos soucieux de réduire leurs emprunte carbone. En les observant de plus près (oui, le flux était ininterrompu), j’ai remarqué que leurs petits sacs à dos n’avaient rien à voir avec Quechua, mais représentaient plutôt Barbie ou Spiderman (des sacs chinois pour enfants donc). Enfin, que leurs chaussures n’étaient pas non plus des chaussures de randonnées mais étaient parfois de simples sandales…

Heu…des écolos décroissants ??

Entassés près de la vitrine d’un magasin Oxxo (une enseigne du genre de « huit à huit » présente partout au Mexique), les prises électriques extérieures étaient squattées par ces marcheurs en pause pour recharger leurs téléphones portables. Aussi, le vigile du magasin, qui est sans doute un gars qui prend son boulot au sérieux, était posté devant la porte, fermée à clé, pour filtrer les consommateurs des squatters…

Décidément, qui donc étaient ces gens ???

Fred, qui n’y tenait plus, a alors posé la question à une jeune fille, manifestement membre de ces squatters, marcheurs, écolos, décroissants.

Réponse : « je viens du Honduras ».

Merde… des migrants !

Ça nous a fait un peu gamberger, et ça m’a fait penser à mon propre père qui a quitté l’Italie d’après guerre de la même façon. C’est à dire à pieds et en clandestin pour venir chercher du boulot en France… (après s’être fait gauler par les uniformes français, c’est comme ça qu’il s’est retrouvé à bosser comme mineur. Mais c’est une autre histoire).

Le lendemain matin, à la station service, une squatteuse qui faisait la manche auprès des automobilistes venus remplir leur réservoir, est repartie avec mon café (de toutes façons il n’était pas très bon) mais en m’assurant que Dieu me bénissait (ouf !).

Dans la même journée, mais après des heures de route (oui, oui, ininterrompu le flux!), une jeune maman nous a débarrassé de notre tente Quechua (de toutes façons on ne l’aimait pas cette tente !). Elle était vénézuélienne et lorsque je lui ai demandé où elle allait, elle m’a répondu tranquillement : aux Etats Unis… Partie de son pays depuis 4 ans, elle marche vers les USA. Le pire c’est qu’elle nous a fait la conversation en demandant d’où on venait, si Fred faisait déjà de la moto en France, etc. La vie normale, quoi !

Vous voyez les chocs de face dans un accident de la route ? C’est violent, non ?

Et bien cette route nous a évoqué un télescopage géant. Nous y avons croisé un cycliste voyageur, des automobilistes roulant sous clim avec vitres fermées, des routiers mexicains au volant de camions monstrueusement gros, de simples usagers de la route, nous, voyageurs par plaisir de « connaître le monde » et ces migrants qui marchent et jalonnent la route, parfois accompagnés d’enfants (marcheurs également ou dans les bras d’un plus grand).

Heu…dans quel monde vit-on exactement ??

En remontant sur la moto, je me suis mis à pleurer. Mais il y avait beaucoup de vent et une cochonnerie s’est glissée jusque dans mon œil. Bin oui, sinon pour quelle autre raison ?

Enfin je me suis dit que le plus dur était déjà derrière elle. Plus que 3000 km. Une paille. Alors j’ai fait une estimation : à raison de 30 km/jour, il ne lui restait plus que 100 jours de marche avant d’atteindre la première frontière des Etats Unis. Ce qui finalement est un bon programme d’entrainement pour favoriser un bon cardio. Si en plus elle mange 5 fruits et légumes par jour, elle va atteindre son eldorado en pleine forme !

Hey, c’est cool non ?

24 – La fin du voyage ?

On n'avait pas vraiment de date précise pour terminer cette tranche en Amérique Centrale. Mais il faut bien admettre que suite à la vente des motos, ce voyage semblait sacrément engagé dans sa dernière ligne droite. Car il ne faut pas oublier que si nous aimons tout...

23 – Se vende

S'il existe une notion particulièrement traitre en voyage, c'est la notion du temps. Les premières semaines on reste calé sur le « temps d'avant ». Le temps d'avant le voyage. Et, de fait, six mois de vadrouille ça ressemble à une vraie tranche de vie où le temps...

21- On a bien fait de (re)venir

Si vous avez tout lu depuis le début (rassurez-vous y'aura pas interro), vous savez déjà que lors de notre premier passage au Guatemala, Fred a fait un malaise qui ne nous aura pas laissé un souvenir immémorable des populations rencontrées à cette occasion....

20- Quelle frontière ?

On se sait jamais tellement à quoi s'attendre en arrivant à un poste frontière. Parfois on a la sensation de se faire plumer par des taxes diverses et variées. Auquel cas, le passage est long : l'émigration, les douanes, puis retour à l'émigration, avec chaque fois...

19- Et dieu dans tout ça ?

Maintenant « qu'on sait ce qu'on sait », pour être tout à fait franc, on n'était pas hyper détendus à l'idée de repasser au Honduras. Pourtant, avec un pauvre petit transit (moins de 200 km d'une frontière à l'autre), nous avons décidé d'y faire une révision des...

18- Arriba Bukele !

Dans ce demi-tour qui n'en est pas un, il y a une vraie nouveauté pour nous : Le Salvador. Comme tout le monde nous avons entendu beaucoup de choses sur leur président, fraichement réélu : Nayib Bukele. Un « dictateur cool », selon lui, qui a pour l'essentiel...

17- On fait demi-tour, ou pas ?

On a beau considérer ce voyage comme une boucle en Amérique Centrale, il reste que brutalement on peut tout à fait considérer que, en vrai, nous faisons demi-tour. D'ailleurs, vu le nombre restreint de routes, il y a effectivement des lieux où nous passerons pour la...

16- Vieux con !

Smartphone et GPS, maps-me, Booking, Hostel world, etc. Par le passé, nous avions déjà constaté le stade du voyageur 2.0, mais la magie de l'internet ne s'arrête jamais. Car de la même façon qu'il est entendu que désormais il est possible de travailler ou de trouver...

15- La route du rhum (et du piment)

Ok, je devine déjà les sourires en coin à peine dissimulés et les moqueries assumées des plus taquins nous traitant de soiffards ou pire encore ! Pourtant, ça n'a rien à voir avec ce que vous pouvez imaginer ! Voyager c'est s'intéresser aux cultures locales et quoi de...

14- Panama (bis)

Ultime pays de cette suite d'Etats qui constituent l'isthme panaméricain, le nom du Panama se confond souvent avec celui du canal. Peut-être parce que le canal est plus connu que le pays lui-même ? Après tout, qu'est-ce qu'il peut bien y avoir dans ce pays à part son...