Dans ce demi-tour qui n’en est pas un, il y a une vraie nouveauté pour nous : Le Salvador.
Comme tout le monde nous avons entendu beaucoup de choses sur leur président, fraichement réélu : Nayib Bukele. Un « dictateur cool », selon lui, qui a pour l’essentiel débarrassé le pays des gangs de narco-trafiquants. Il faut dire que le gars ne s’est pas trop encombré de principes. Il a fait construire une prison géante et y a jeté tous les tatoués que comptait le pays. Il existe en effet une tradition chez les gangsters, celle d’exhiber d’abord le tatouage de son gang puis de peaufiner la déco en fonction des meurtres qu’on a commis (le top, réservé aux chefs, c’est le tatouage sur le visage). Bref, le critère de sélection pour les interpellations des « forces de l’ordre », c’est le tatouage (« maman je t’aime », ça marche aussi ?) et lors des contrôles, il suffit de relever le tee-shirt pour être sûr qu’il n’y a pas de tatouages cachés.
Forcément dans le lot il y a des dommages co-latéraux et nombreux sont ceux qui crient leur innocence. Bien entendu, les plus tatillons feront remarquer que sans procès ni aucun semblant de justice, c’est plutôt expéditif comme méthode. Mais enfin, rapide et efficace, le Salvador est désormais un pays paisible. Et beaucoup de salvadoriens aiment leur président pour ça (82% des voix lors de sa réélection).
Lors d’une fête de village, nous avons entendu des jeunes crier : « arriba Bukele ! » ou « viva Bukele !» (ce qui veut dire à peu près la même chose). Plus tard, en papotant avec un chauffeur de bus, celui-ci reconnaissait une amélioration de la qualité de vie sans équivoque avec également une économie en nette progression. Même si, selon lui, la justice sociale n’est pas encore au top mais « Rome ne s’est pas faite en un jour »… Avec cette nouvelle vie, le pays refait ses routes, réaménage ses villes et les salvadoriens redécouvrent le plaisir de sortir dans la rue le soir, d’aller boire un coup en terrasse et même d’aller à la plage. Pour nous, simples voyageurs, il reste que bon nombre de constructions évoquent les villes du Honduras (c’est à dire délabrées), les plages préservées (ou réaménagées ?) tentent de séduire un tourisme renaissant pour fortunés, et celles restées tel quel (pour les salvadoriens ou les fauchés) ne sont pas hyper sexy… Un pays donc, pour l’heure, à deux vitesses mais une population qui se remet à espérer. Et sans espoir, que serait la vie ? Alors pour renouer avec l’espoir pour une majorité, s’il faut un peu d’injustice pour une minorité… et bien c’est nickel ! Alors, elle est pas belle la vie ?
Encore belles rencontres, pas toujours ĺà ou on les attendaient.
Bonne continuation à vous deux.
Gilles et Djamila