Ok, je devine déjà les sourires en coin à peine dissimulés et les moqueries assumées des plus taquins nous traitant de soiffards ou pire encore ! Pourtant, ça n’a rien à voir avec ce que vous pouvez imaginer ! Voyager c’est s’intéresser aux cultures locales et quoi de plus emblématique d’une culture que les habitudes alimentaires ? Et aux jeux des 7 différences, ou des 12 ressemblances (celui-là je viens de l’inventer), il y a bien un truc qui traverse toute l’Amérique Centrale : c’est l’importance de la production de canne à sucre (alternativement avec les bananeraies, il faut bien le reconnaître). Et qui dit canne à sucre, dit production de sucre (évidement) mais aussi de rhum !
Innocents comme des agneaux qui viennent de naitre, nous connaissions l’importance du rhum aux Antilles mais étions tout à fait surpris de constater qu’il existe également une production de rhum pour chacun des pays de cet isthme panaméricain. Les experts et autres techniciens chercheront à savoir s’il s’agit de rhums agricoles, donc produit à partir du jus canne (comme c’est le cas pour les rhum antillais), ou de rhums traditionnels produits à partir de mélasse, qui passe d’abord par la transformation en sucre. Pour apporter une réponse à cette question existentielle il a bien fallu aller voir tout ça de plus près. Nous ne sommes pas experts mais curieux, alors je peux donc dire que nous n’avons vu que des rhums traditionnels. Et puisque nous ne sommes pas experts mais curieux, nous étions en quelques sortes obligés de gouter !
Flor de Caña, Abuelo, et autres Botran sont donc venu satisfaire notre curiosité. Et nous avons constaté un autre point commun entre ces rhums, c’est leur prix. La petite bouteille (375 cl) coûte en moyenne 5 € (vous voyez bien que nous ne sommes pas des soiffards !). Pour le Flor de Caña (Nicaragua), les amateurs préféreront le 8 ans d’âge à peine plus cher que le basique (5 ans d’âge) et bien meilleur, mais de notre humble point de vue le Botran (Guatemala) est un ton au dessus de la mêlée et il reste notre préféré.
Nous n’avons pas gouté le Centenario, produit au Costa Rica, qui est parait-il excellent. Car il faut bien admettre que le Costa Rica se détache des autres pays d’Amérique Centrale. La cuisine de rue y est quasiment absente et la nourriture de pauvres se trouve chez Mac-Do ou autres chaines de pizza, par conséquent leur rhum n’est pas à 5€ la bouteille. Par ailleurs, dans ce plus « américanisé » (relation de cause à effet ?) des pays que nous avons visité, il n’y a pas non plus de piments. Alors que toutes les cuisines de rues des pays voisins proposent invariablement une « salsa picante » et les étals des marchés différentes variétés de « chile » (notre préféré est le « chile habanero »), le Costa Rica fait bande à part. Nous pourrions aussi faire un palmarès des pays les plus bordéliques, de celui où l’état des routes est le moins effrayant, un podium des pays où une autre « tradition » permet de se déplacer à 4 ou plus sur une seule moto (sans casque évidement), ou encore celui où les sourires spontanés s’expriment le plus souvent (c’est sans doutes celui-là qui serait le plus difficile à départager)… Mais en haut de page il est écrit : « la route du rhum » et en plus c’est l’heure de l’apéro !
La modernité apporte son lot de praticité, mais aussi toutes les déviances qui peuvent aller avec.
Quand au “c’était mieux avant”. Le voyageur aux ex-colonies que nous pouvions être regardant les locaux avec une certaine condescendance était il plus philosophiquement mature et respectueux ?
La question est probablement sans réponse catégorique.
Bises à vous deux.