Pour notre entrée au Honduras, nous sommes arrivés à Copán, tout près de la frontière du Guatemala. En fait « Copán Ruinas » comme le dit l’appellation officielle. Car, comme on peut s’en douter, il y a un site de ruines Maya à proximité. Or cette proximité de la frontière fait que les tours-opérateurs vont facilement de part et d’autre de cette limite territoriale avec des groupes de touristes. Il en découle une route en parfait état, une petite ville qui a conservé une architecture ancienne et colorée, avec des ruelles aux larges pavés et une ambiance paisible où, il faut bien le reconnaître, il fait bon vivre.
Pourtant cette impression initiale s’est vite évaporée les jours qui ont suivi. Pour remettre dans le contexte, en cette fin d’année nous cherchions un endroit paisible pour passer la Saint-Sylvestre. Et, après quelques lectures et échanges, nous avons décidé de partir vers la petite île d’Utila, à quelques encablures de la côte Caraïbe, soit à 350 km d’ici. Mais la belle route est restée derrière nous et, progressivement, travaux et revêtement défoncés se sont succédés. Nous avons fait escale à San Pedro Sula, LA grande ville du nord qui se traine une sale réputation notamment pour son insécurité. Notre hébergement (le moins cher du monde!) se trouvait entre deux échangeurs routiers et près d’une mini zone commerciale… Pas l’étape la plus sexy.
La nuit même, puis le lendemain toute la journée, la météo est venue apporter sa touche monochrome et ses 200% d’humidité à un tableau déjà sombre. En mangeant dans un « Coco Baléadas » (un fast food local de la mini zone commerciale, vraiment pas terrible), la télé diffusait des images d’inondations dans les rues de La Ceiba. Heu… c’est pas là que nous allons ? Mais avec cet entêtement de vouloir passer le « jour de l’an » à Utila, doublée d’une réservation nécessaire du fait de l’engouement généralisé pour les fêtes, nous avons roulé sous des trombes d’eaux toute la journée pour arriver à La Ceiba en fin de journée. Une ville importante du bord de mer qui est également le port d’embarquement pour Utila. Et La Ceiba, avec ou sans inondations, ressemble à une ville laissée à l’abandon. Ou alors qui vient de sortir de la guerre ? Constructions en ruines, rues défoncées, et des grilles sur les façades des commerces laissent une ambiance post-apocalyptique un peu déroutante. Mais parfois, les ambiances bizarres participent au charme qu’on peut trouver à un endroit et avec toute cette eau absolument partout, nous avons remis notre jugement à plus tard !
Sans surprise, notre réveillon à Utila s’est avéré humide. Mais là non plus on s’est pas formalisés. Après tout, ce sont des choses qui arrivent et rien de grave là dedans. Et puis lorsque le soleil est enfin revenu, nous avons profité de cette île paisible et touristique !
Ce n’est qu’en retournant sur le continent, quelques jours plus tard, que les choses ont changé. La Ceiba avait eu le temps de sécher, les ruelles sont restées sombres et défoncées mais plus besoin de marcher avec de l’eau jusqu’aux chevilles. Nous avons poursuivi le long de la côte Caraïbe, en direction de Trujillo pour ne pas conserver une mauvaise image de cette côte. En chemin nous avons retrouvé des routes défoncées (souvent bordées de poubelles) qui ont d’ailleurs laissées un souvenir à ma roue arrière. Mais là encore, quoique moins délabrée que La Ceiba, nous avons retrouvé une ambiance de ville à l’abandon. Le soir, un gars nous abordé dans la rue pour échanger quelques mots. Assez rapidement il nous a précisé que la ville est sûre (heu…on ne se sentait pas particulièrement en danger !) même si, selon lui, le pays périclite et que « toutes ces grosses voitures appartiennent à des trafiquants de drogues millionnaires » !
Avant de mettre le cap vers Tegucigalpa, la capitale, nous sommes allés jeter un coup d’oeil sur le site des « Conseils aux voyageurs » (site officiel du ministère français des affaires étrangères) voici ce qu’on y trouve : « Le Honduras demeure l’un des pays au monde où la criminalité est la plus forte ». Heu… on a presque pris peur rétrospectivement ! Donc ces ambiances étranges que nous avons ressenties régulièrement ont un fondement bien réel ?