Notre baptême de piste nous l’avons déjà eu au Bélize et, en roulant doucement, la légèreté de nos motos compense leur inaptitude au tout-terrain. C’est donc assez confiants, que nous sommes partis en direction de notre raccourci via une piste de montagne.

Seulement voilà, la piste en question s’est avérée pleine de pierres, trop grosses pour nos motos, et régulièrement cisaillée par des saignées où il était assez facile d’y plier nos roues, le tout avec des pentes où même à pied les non-sportifs que nous sommes crachaient leur tripes à chaque pas. Nous avons donc révisé notre temps de parcours tout en imaginant que nous pourrions toujours planter notre tente au bord de la piste et finir le lendemain, au cas où. Bref, nous nous sommes entêtés dans cette direction.

Et puis une pluie fine est venu compliquer notre progression. Les pierres sont devenues très glissantes, passer la seconde relevait du soulagement et les pauses s’enchainaient très (trop?) régulièrement. Pour nous rassurer, le conducteur d’un 4X4 venant en sens inverse nous annonce alors que, plus loin, la piste se détériore encore… Alors demi-tour ou pas ? Mais il devait nous rester une vingtaine de km, alors nous avons décidé de poursuivre. Un peu plus loin, au détours d’un virage, nous avons rencontré deux gars qui avaient, eux, entrepris d’améliorer l’état d’un passage bien pourri à l’aide d’une pioche et d’une pelle. Cela dit, la « rencontre » était inévitable puisque les gars en question avaient tendu une corde au travers de la piste pour réclamer un billet à ceux qui passent par là. Compatissant, je leur tends donc un petit billet. Mais l’un des deux gars (manifestement alcoolisé) se braque et me réclame un gros billet (en fait deux gros billets, puisque un par moto). Je me marre face à son aplomb et commence à discuter mais ce dernier sort alors une machette et me dit qu’il faut payer !! Entre la machette dans une main et le poing serré de l’autre, mon humeur à la plaisanterie s’est étonnement envolée et notre « échange » a pris une toute autre tournure. Mais après quelques menaces, insultes, et tentatives d’intimidations, le second gars plus raisonnable finit par accepter mon petit billet et nous laisse passer.

C’est là que Fred a décidé de faire un malaise. Bin oui, sinon c’est pas drôle ! Incapable de tenir debout et la tête dans une lessiveuse, elle s’est mise à gerber tout ce qu’elle pouvait. Or, à part le petit déj du matin, il n’y avait pas grand chose à vomir. Mais Fred est persévérante. Alors ça a duré. Et puis son état s’est empiré au point de finir allongée sur la piste et incapable de faire le moindre mouvement… A dire vrai, à ce moment là je ne trouvais plus grand-chose de drôle.

Un gars passant par là au volant d’un pick-up, avec une vache à l’arrière, propose de ramasser Fred (entretemps passée à l’état de loque) pour la conduire chez lui, un peu plus loin. Le choix s’avérant assez limité, j’accepte avec soulagement. Arrivés sur zone, je questionne mon épouse/épave sur son état mais elle me répond par de nouveaux vomissements. (J’ai déjà dit que je ne trouvais plus ça drôle du tout ?) Enfin, quand elle parvient à articuler quelques mots, c’est avec des questions bizarres qu’elle s’adresse à moi : « on est où ? », « qu’est-ce qu’il se passe ? », « je ne comprends rien »… Pour être tout à fait franc, j’ai basculé alors du « pas drôle » à « flippé » ! J’ai donc questionné notre sauveteur sur la distance à parcourir avant de trouver un médecin ou un hôpital, mais celui-ci m’indique alors la première grande ville, en rebroussant chemin. Mouais… pas vraiment soulagé, il fallait donc trouver un moyen de redescendre la loque et sa moto. Après s’être débarrassé de la vache (je parle bien du bovidé dans la benne), son pick-up me semblait tout indiqué. Mais est venue alors la question du prix…

Pour faire court, disons que nous nous sommes bien fait plumer par ce «sympathique sauveteur » qui m’a pourtant assuré ne pas profiter de la situation. Au final, c’est de nuit que nous avons rejoint la ville et la possibilité d’un hôpital. Au matin, « la loque » s’est réveillée épuisée mais avec l’ensemble des symptômes évaporé. J’en ai donc conclu que tout ça c’était pour échapper à la piste !

Moi qui commençais à imaginer un rapatriement, j’étais en réalité plutôt content et soulagé qu’on puisse remonter sur nos motos et tourner la page de cette sale journée. En règle générale, nous avons plutôt tendance à nous émerveiller de la bienveillance dont nous faisons l’objet lors de nos voyages. Or, si la bienveillance existe partout, nous ne pouvons que constater que les sales cons aussi.

Conclusion : il n’y a donc pas géolocalisation des gentils et des méchants. Ouf !

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