Les recommandations officielles de la France vis-à-vis du Honduras décrivent donc le pays de la façon suivante : « La criminalité est souvent le fait de bandes (les « maras ») et liée au trafic de stupéfiants et aux extorsions de fonds. Ces dernières se manifestent par des agressions à main armée, y compris contre des véhicules, avec possibilité d’enlèvement ». S’en suivent une série de recommandations sur le comportement à adopter en cas d’agression…
Alors je ne remets évidement pas en question le sérieux des ces « conseils aux voyageurs », mais disons que trop de précautions tuent les précautions. Aussi, en règle générale, je ne consulte pas ce site. Mais lorsque les honduriens eux-mêmes se protègent avec des grilles devant leurs commerces, que des gardes en armes sont présents près de restaurants ou de centres commerciaux, on finit par se poser des questions.
Or, après les impressions étranges ressenties jusqu’ici, nous étions curieux d’arriver à Tegucigalpa, la capitale, que nous avons sans doute imaginé comme juge et arbitre de ces sensations. Les capitales ont en effet généralement un rôle d’ambassadeur vis-à-vis de l’image qui est renvoyée d’un pays et les Etats prennent un soin tout particulier à soigner un bâtiment, un quartier ou quoi que ce soit d’autre pourvu que l’image en soit flatteuse. Et bien nous avons cherché ce quartier des les rues de la capitale. Mais nous ne l’avons pas trouvé. Pourtant, l’arrivée à « Tegus » n’était pas si mal. La ville est accrochée sur les bords d’une cuvette géante, avec un centre-ville dans le fond, et entourée de collines occupées par des constructions. Le site nous a rappelé celui de La Paz, en Bolivie, l’altitude en moins.
Pour entrer dans notre hébergement, il faut sonner et un gardien déclenche l’ouverture d’une porte électrique. L’ensemble du bâtiment est évidemment protégé par des barbelés. Comme la plupart des bâtiments. Dans les rues du centre-ville, nous avons retrouvé une cohorte de vendeurs ambulants. Ceux qui constituent les métiers dit « informels » et qui représentent 70% des actifs du pays. Les observateurs internationaux notent une encourageante « poursuite du désendettement », mais aussi une « forte criminalité et corruption sur fond de pauvreté, d’insécurité alimentaire et de trafic de drogue » de même qu’une « forte émigration entretenue par l’insécurité »… Car si San Pedro Sula a récemment perdu sa place de ville la plus dangereuse au monde, le Honduras détient toujours un des taux d’homicides les plus élevés au monde. L’ONG « Entreculturas » qui évoquait les fraudes électorales lors des élections de 2017 résume les critiques envers le gouvernement de la façon suivante : “Nos han robado tanto que hasta nos han robado el miedo” (Ils nous ont tellement volé, qu’ils nous même volé la peur). Depuis 2022, c’est une candidate de gauche, Xiomara Castro, qui est à la tête de l’Etat (elle est l’épouse de l’ancien président, Manuel Zelaya, renversé par un coup d’Etat). Depuis son élection, l’avortement comme le « mariage pour tous » sont légalisés, et elle s’est engagée à lutter contre la corruption, et en finir avec cette image de « narco-Etat »…
Alors, espoirs à venir ou paroles en l’air ? Difficile de se faire une image en étant juste de passage. Pour autant, les Honduriens candidats à l’émigration sont légions, et lors des quelques nuits passées dans la capitale, nous avons été réveillé à plusieurs reprises par des coups de feu tirés à proximité.
Par ailleurs, pendant toute la traversée du pays, le long des routes, dans les villes et villages, en affichage ou en peinture, nous avons vu d’innombrables affirmations du type : « Jésus sauve », de même que des églises de toutes sortes (Baptistes, adventistes du 7ème jour, mennonites, etc.). Alors même si, bien sûr, l’importance de l’église n’est pas réservée au Honduras, la promotion de la religion y est en revanche particulièrement visible. Au bout du compte, nous en avons conclu que face à l’état d’abandon du pays, il reste soit la religion, soit la violence !
Un peu dur comme constat, et je n’aime pas garder une mauvaise image d’un pays ou je suis passé alors je préfère « archiver » en mémoire les contacts chaleureux, bien que éphémères, que nous avons pu avoir, ici comme partout. Car, au bout du compte, si l’ambiance « pesante » nous semblé bien réelle, à aucun moment nous ne nous sommes sentis en danger. Comme le résumait un « émigré» canadien : « sauf à déballer de l’argent à 2h du mat dans une rue sombre, il y a peu de chances de se faire braquer ». Malgré tout, au moment de franchir la frontière avec le Nicaragua voisin, nous nous sommes sentis subitement plus légers…
Nous n’avons évidement pas la prétention d’avoir « tout compris » du Honduras en quelques jours et notre ressenti, reste … du ressenti ! C’est à dire purement subjectif et donc circonstanciel. Et puis, en dehors des villes délabrées, il faut reconnaître que la nature est plutôt chouette. L’alternance entre plaines tropicales (bananiers, palmiers) et reliefs boisés (sapins et autres résineux) offre des contrastes agréables.
Ou alors, nous sommes simplement un peu trop «bisounours» ?
Salut les aventuriers ! on vient de découvrir vos dernières péripéties (malaise de Fred, ambiance craignos au Honduras) on espère donc que vous êtes remis de vos émotions et que vous continuez votre voyage dans une ambiance plus sereine…
De notre côté, la date du départ approche. Encore une semaine de boulot pour Valérie :)… départ prévu dimanche 18 février !
En tous cas on vous embrasse bien fort.
Les “Théodore”
PS : on va vous envoyer le lien de notre Polarsteps d’ici peu