Lors de notre escale à Flores (Guatemala), nous logions dans une charmante auberge où, à l’occasion d’une clope nocturne, nous avons échangé avec le jeune gardien de nuit. Celui-ci somnolait à moitié dans les escaliers extérieur (on ne l’a pas dénoncé car nous sommes sympas) et est venu fumer avec nous en nous entendant.
Travaillant seul, 7 nuits sur 7, il avait tout le temps d’imaginer la suite de sa vie. Or son rêve à lui c’était d’avoir une ferme quelque part au Guatemala pour y faire de l’élevage. Mais, sans le sous, pour réaliser ce rêve il prévoyait d’aller travailler au Canada pour y gagner et économiser suffisamment d’argent pour ça. « Le problème c’est le passeport » nous a-t-il confié. Car pour en avoir un, il ne suffit pas d’en faire la demande. Les critères d’obtention en sont tellement flous, qu’ils revêtent selon lui un caractère aléatoire. Or, accepté ou refusé, il faut payer (cher) pour en faire la demande et en cas de (très?) probable refus, la somme engagée n’est pas remboursée. La solution passe donc par « el coyote », soit le réseau clandestin ! De plus, avec « el coyote » il y a l’avantage annoncé qu’un paiement te donne droit à 3 tentatives…
Cette explication m’a remémoré un échange similaire avec Antonia, notre logeuse à Bacalar. A 60 ans, elle n’a jamais quitté son pays car obtenir un passeport relève de la mission impossible. Elle nous disait que cela devenait envisageable en vieillissant, mais pas avant. Aussi, lorsque la voie légale n’est pas possible, il reste l’illégalité. Evidemment, avec mon esprit retors, j’en ai donc conclu qu’avec une telle politique sur la liberté de circulation, ce sont les gouvernements qui encouragent les réseaux clandestins !
Notre gardien de nuit, quant à lui, imaginait la neige et le froid des hivers canadiens, alors pour s’habituer au froid, il passait ses nuits dehors sans pull. Bon d’accord, la nuit à Flores il devait faire 19° C, mais je reste persuadé que toutes les belles choses commencent par des rêves.
Bonne chance amigo !