Je vous ai déjà raconté la frontière précédente, mais nous réalisons seulement que les frontières vont être nombreuses pendant ce périple. Dans la mesure où les pays se succèdent sur une (relativement) faible distance, les passages de frontières vont se succéder à un rythme soutenu. Or les frontières c’est toujours un peu chiant, long …et un peu coûteux !
Les importations provisoires des motos sont facilitées (pas de carnet de passage en douane) mais chaque fois il faut payer (70 balles en moyenne pour les deux motos). Normalement il y a également une assurance provisoire à souscrire. Mais au Guatemala, tous le monde s’en fout ! Donc nous aussi. A côté des gars qui font office de banque ambulante, avec des liasses de billets de toutes les couleurs, il y a aussi celui qui va t’aider pour les formalités et qui connait le processus parfois mieux que les officiels. Bref, après avoir évité les changeurs, un jeune gars est venu spontanément nous « guider » pour la danse des guichets, des formulaires à remplir, des photocopies de nos documents, etc. Ce gars nous a fait la conversation, nous a accompagné à chaque guichet pour au final nous souhaiter un bon voyage et retourner à ses occupations sans rien nous demander. Et sans que Fred n’y trouve rien à redire non plus ! Oui parce que, en ce qui me concerne, dans la mesure où je ne suis pas en demande, j’ai plutôt tendance à jouer les « crevards » avec ces guides spontanés (l’expression est de Fred et il s’agit précisément de marquer son désaccord vis à vis de ma façon de faire…) qui « oeuvrent pour ton bien » tout en te plaçant en situation de dette. Donc sur ce coup là, même Fred n’a rien trouvé à redire et, ensemble, nous avons simplement trouvé ce garçon fort sympathique ! Or, comme pour les gens, le premier contact avec un nouveau pays c’est important. Nous avons donc pris la route, tout sourire en avant, nourris d’un à-priori positif. (oui, il nous en faut peu).
A la première pause un vieux monsieur est venu me faire la conversation pendant que Fred s’intéressait à la cuisine locale. Le vieux en question tenait absolument à placer les deux mots d’anglais en sa possession. Car il faut savoir que de ce côté-ci de la planète un étranger est nécessairement un gringo (donc américain des USA),… ce qui a pour effet immédiat de me gonfler. Dans la foulée, je m’empresse donc de m’excuser auprès de ce vieux monsieur en disant que je ne parle pas anglais. Normalement ça fonctionne assez bien et puis, présentations faites, nous poursuivons en espagnol. Mais ce vieux là a continué à glisser ses deux mots d’anglais dans ses phrases en espagnol. Bon, nous sommes partis (de toutes façons Fred avait fini de manger).
Quelques heures plus tard, nous sommes entrés dans la charmante ville de Flores. Située sur une île du lac (Petén Itza), elle est reliée à la terre ferme par une route construite sur une digue. La situation de la ville en elle même est donc déjà assez exceptionnelle, mais les constructions colorées, les ruelles pavées et la place principale en hauteur qui domine tout le paysage, contribuent à en faire une ville tout à fait charmante. Pour ne rien gâcher, l’ambiance y est paisible et les contacts simples et faciles. Sans surprises, nous avons bien aimé Flores (oui, il nous en faut peu, je l’ai déjà dit).
Pour le soir de Noël nous avions prévu une halte coté « montagnes » à Lanquin. Des cabanes sur pilotis construites sur un relief boisé de plantes tropicales et à proximité du parc naturel de Semuc Champey. Une aire qui abrite cascades, rivières et étendues d’eaux turquoises qui incitent à la baignade. Or, l’itinéraire le plus directe pour rejoindre ce spot nous faisait passer une piste de montagne sur une quarantaine de km. Assez confiants, nous sommes partis dans cette direction en imaginant déjà ce Noël tropical et nécessairement sympa.
“de ce côté-ci de la planète, un étranger est nécessairement un gringo” ahahaha ! Ça oui, je confirme ! Je me souviens d’une conversation complètement lunaire avec un type au Salvador, alors que j’attendais un bus. Il me voit prendre une photo et me dit : “alors, tu vas la montrer à tes potes chez toi, aux États-Unis ?”. Je lui dis ah non il y a erreur moi je viens de France. Je lis l’incompréhension dans son regard. Il bafouille et me fait un peu comprendre que pour lui c’est la même chose. Ah bon d’accord, mais dans ce cas-là toi t’es péruvien, c’est exactement la même chose n’est-ce pas, vous êtes les mêmes ! (Réaction outragée du personnage, je saisis l’opportunité de faire comprendre mon propos). Bon, on est d’accord. Ben moi c’est pareil, je suis français, je viens d’un autre continent, l’Europe. Et là, le type me fait : ok amigo, mais c’est dans quel état (américain) ?
Ouais, c’est marrant j’ai eu exactement la même expérience il y a longtemps (mais je crois que c’était au Mexique) où un gars m’a demandé dans quel coin des USA est située la France…
On est tous un peu l’américain de quelqu’un a partir du moment ou on est étranger. Pour Djamila, lorsqu’on voyage au Maghreb, elle est obligatoirement algérienne. Française c’est pas possible.
Cela dit, il m’est arrivé aussi, pendant une virée au Maroc, d’être pris pour un marocain (à plusieurs reprises). Il suffit que je bronze un peu et comme dirait l’autre : “avec ma gueule de métèque”…