L’Aubrac et les gorges du Lot
Plateaux sauvages entaillés de cours d’eaux sinueux et encaissés, l’ancienne province du Rouergue glisse doucement du Massif Central vers la Méditerranée. Tout juste effleuré par les axes majeurs qui sillonnent le territoire national, l’Aveyron assure une transition géographique que l’on retrouve dans des saisons tranchées ou dans l’accent chantant de ses habitants. Parcourir l’Aveyron c’est rencontrer un patrimoine bâti, une richesse culturelle et culinaire ou encore une nature préservée, rare et authentique. Si on y ajoute un réseau secondaire apte à faire saliver d’avance tout motard qui se respecte, alors toutes les conditions sont réunies pour y vivre une belle session de moto.
Nous partons de Laguiole, célèbre pour son couteau, bien sûr, mais aussi pour son fromage ou sa station de ski. Mais avant tout, le village de Laguiole symbolise à lui seul le plateau de l’Aubrac. Un plateau de moyenne montagne qui s’étend sur 2500 km2, avec seulement 6 habitants au km2. Sillonner l’Aubrac c’est donc avant tout aller à la rencontre de décors naturels et … de vaches ! Car la vache Aubrac est, comme le couteau, une vraie célébrité locale. D’ailleurs, sur la place du foirail, la statue du taureau qui trône depuis 1947, symbolise cette race. Chaque année, à la fin du mois de mai, c’est la transhumance. Les vaches quittent les étables pour rejoindre les pâturages (jusqu’en octobre). Un jour de fête, où les aveyronnais n’hésitent pas à installer un pique-nique familial sur le bord de la route où doivent passer les troupeaux, décorés pour l’occasion.
Nous partons (par la D15) en direction des stations de ski. De chaque côté de la route, profitez de la vue sur le plateau dénudé, régulièrement ponctué de burons. Ces petites cabanes de pierres avec leur toit de lauzes symbolisent à elles seules l’architecture locale. Nous traversons ensuite les charmants villages de St-Chely-d’Aubrac puis Prades-d’Aubrac avant de redescendre du plateau, par la sinueuse D19, vers Ste-Eulalie-d’Olt et les rives du Lot. Faites un crochet par St-Geniez-d’Olt, dont le centre historique mérite bien le détour. L’ambiance est ici beaucoup plus méridionale. Dorénavant, nous allons longer le cours du Lot en direction de St-Côme-d’Olt, un village médiéval où les anciennes fortifications ont laissé des traces dans l’architecture actuelle (tour de ville et portes fortifiées).
Avant de filer vers Espalion, faisons un léger retour en arrière pour emprunter la D206 vers la « coulée de lave ». Il s’agit en fait d’un éboulis de roches basaltiques, plutôt surprenant dans cet environnement boisé. Nous retrouvons ensuite le Lot à Espalion avec son remarquable « pont vieux » du XI ème siècle. En bord de rivière, jetez un coup d’oeil aux maisons avec leur balcons de bois. Il s’agit d’anciennes tanneries. Enfin, si la présence d’un « musée du scaphandre » peut sembler surprenante, l’explication est simple : il s’agit en fait de la ville natale des inventeurs du premier scaphandre autonome (Rouquayrol et Denayrouze, en 1864).
Une dizaine km plus loin, au détour d’un virage apparaît Estaing. Nous longeons le GR65, qui n’est autre que le chemin de randonnée à destination de Saint-Jacques-de-Compostelle aussi, ne soyez pas surpris car vous croiserez certainement ces pèlerins/randonneurs, une coquille saint jacques accrochée au sac à dos. Estaing est également un village classé « parmi les plus beaux villages de France », auquel on accède en traversant le Lot. Nous sommes à une vingtaine de km de la ville qui marque la fin de cet itinéraire : Entraygues-sur-Truyère. Un village paisible auquel on accède après avoir longé les gorges du Lot. Mais si vous n’êtes pas rassasiés de beaux paysages (et de routes sinueuses!), vous pouvez prolonger le plaisir de quelques km en longeant la Truyère jusqu’à un barrage et en revenant en ville par l’autre rive. Après ça, vous aurez bien mérité un peu de détente à l’ombre des platanes de la place où des tables en terrasse tendent les bras au motard assoiffé !
d’Entraygues-sur-Truyère à Najac
L’Aveyron en panavision
Du nord de l’Aveyron, à la confluence du Lot et de la Truyère à la bordure occidentale de l’Aubrac, jusqu’aux bastides du sud-ouest du département, cet itinéraire présente une alternance de décors qui illustre la diversité de la géographie aveyronnaise. Par les chemins de traverse, partons explorer les reliefs boisés du pays de Conques, le vallon de Marcillac ou les gorges de l’Aveyron car chacune de ces étapes recèle de nouveaux trésors à découvrir.
Entraygues-sur-Tuyère est un village paisible et agréable, dont l’histoire (qui remonte au X ème siècle) s’apprécie à pied. Un itinéraire fléché permet d’en découvrir les subtilités. Mais pour apprécier la position stratégique de ce carrefour naturel il faut prendre de la hauteur. C’est ce que nous allons faire en prenant la route (D904) qui part vers Conques. Au passage, admirez les reflets du pont du XIII ème siècle sur la surface du Lot avant de profiter de la vue d’ensemble sur la petite cité. Puis poursuivons par une petite route, sinueuse à souhait, qui escalade des reliefs pour aller se perdre dans une nature sauvage peuplée de résineux. De Golinhac à Conques, cette route se confond avec le GR65 qui conduit les randonneurs vers Saint Jacques de Compostelle. Car Conques cumule les nominations : « étape majeure du pèlerinage de Saint-Jacques », « plus beaux villages de France », inscription au « patrimoine mondial de l’humanité ». Si l’abbaye telle qu’elle existe aujourd’hui date du XI ème siècle, l’ermite qui avait choisi de se retirer du monde (et qui est à l’origine de Conques) s’était isolé dans ces montagne à la fin du VIII ème siècle. Conques revêt donc à la fois une dimension spirituelle, mais aussi historique ou architecturale impressionnante compte-tenu de l’éperon rocheux sur lequel le village est juché. Bref, Conques fait partie des incontournables de la région !
Poursuivons vers Saint-Cyprien-sur-Dourdou puis Marcillac-Vallon. Nous quittons les montagnes boisées pour atteindre une zone moins escarpée, sans être dénuée de relief cependant. Or, sur ces reliefs vous apercevrez sans doute des plants de vignes. Car Marcillac est aussi un AOC attribué à ce vin local. En ville, le dimanche matin a lieu le marché hebdomadaire où de nombreux exposants proposent des produits de la région (primeurs, charcuterie, fromage, et bien sûr vin Marcillac !). Une bonne occasion de goûter ces bons produits !
En reprenant nos chemins de traverse, c’est à nouveau la sensation d’une nature paisible qui reprend le dessus. Nous roulons vers Peyrusse-le-Roc. Un village construit en nid d’aigle au sommet d’un pic rocheux, et autrefois fortifié, qui connut son apogée au XIII ème siècle. Le site médiéval se visite. Les ruelles étroites et pentues contrastent avec les bastides de Villeneuve puis de Villefranche-de-Rouergue où nous poursuivons notre route. Véritable innovation urbaine au XIII ème siècle, ces bastides répondaient aux besoins de l’époque (rationalisation de l’espace, regroupement de population et essor démographique, désordre politique, etc.). Caractérisées par une place centrale bordée d’arcades et un découpage à damier, elles sont nombreuses dans tout le sud-ouest. Celle de Villefranche-de-Rouergue date de 1252 et témoigne de l’opulence de la ville à cette époque. Pour la découvrir, il suffit de tourner le dos à la rivière Aveyron et emprunter les ruelles étroites qui conduisent vers la place de la fontaine.
Najac et la fin de cet itinéraire sont situés à une vingtaine de km au sud. Pour s’y rendre, il suffit de longer l’Aveyron (par le D 47). La route va s’élever progressivement pour offrir une belle vue sur les gorges de l’Aveyron, puis sur le château de Najac qui émerge de son surplomb. Là encore quelques merveilles du patrimoine bâti vous attendent, mais aussi des spécificités comme l’étonnant couteau de Najac dont la lame est munie d’un bout rond…
De Najac à Rodez
L‘Aveyron au fil de l’eau
De Najac, au sud-ouest de l’Aveyron, à Rodez la « capitale départementale » au centre, nous allons suivre les gorges puis la vallée de la rivière qui donne son nom au département. Son cours sinueux et encaissé nous conduit de bastides en cités historiques, avec quelques perles comme Belcastel ou Sauveterre-de-Rouergue, à travers les paysages vallonnés du Ségala. Une série de plateaux où prédomine une agriculture d’élevage, celle du « veau du Ségala ».
Cet itinéraire débute à Najac, qui abrite une charmante petite bastide et une forteresse emblématique de l’art militaire médiéval construite sur un promontoire à 200 m d’altitude. De son donjon on profite d’une vue imprenable sur l’horizon et des gorges de l’Aveyron juste en contrebas de la ville. Mais tournons le dos au château pour partir vers le nord, en direction de Villefranche-de-Rouergue. La bastide qui correspond au centre historique de Villefranche est exemplaire de ce développement urbain qui, en son temps, correspondait à une ville moderne.
Puis, en suivant le fil de l’eau, nous entrons dans une zone boisée et plus sauvage en direction de La Bastide-l’Evêque. La route est située juste en bordure de l’Aveyron dont le cours disparaît régulièrement, masqué par une végétation dense et touffue. Si vous voulez voir un bel exemple de pont gallo-romain, de La Bastide-l’Evêque, faites l’aller-retour au pont du Cayla (à 5km) par une toute petite route dont les lacets évoquent les routes de montagne. Composé d’une arche unique pour enjamber la rivière Aveyron, il est construit sur une antique voie romaine. Puis, reprenons nos petites routes sauvages en direction de Belcastel. Un village répertorié parmi « les plus beaux villages de France » dont le château a bénéficié d’une restauration. Au pied de la forteresse, un très beau pont du XV ème siècle enjambe l’Aveyron. Si vous l’empruntez à moto, attention aux larges pavés disjoints ! D’un côté ou de l’autre du pont, bars et restaurants permettent de prolonger la pause.
De Belcastel, nous ferons ensuite un grand détours vers le sud à travers une campagne paisible pour rejoindre Sauveterre-de-Rouergue. Le village abrite également une magnifique bastide qui, comme les autres bastides du XIII ème siècle, répond à une politique d’urbanisation choisie. Articulée autour d’une place centrale bordée d’une succession de voutes, c’est par des ruelles étroites que l’on accède à la bastide de Sauveterre. Son environnement peu propice à l’agriculture, celle-ci avait une vocation commerçante. Notamment grâce à un artisanat et une coutellerie réputée. Une activité qui existe toujours et que les amateurs ne manqueront pas de visiter. En reprenant la route vers Rodez et la fin de cet itinéraire, profitez des beaux dénivelés, et de la belle route sinueuse qui épouse ces dénivelés, du côté de Moyrazes avant d’arriver dans la capitale du Rouergue.
La cathédrale Notre Dame, au sommet d’un relief et au cœur du centre historique, annonce la ville de loin. Un centre et une histoire qui s’apprécieront plus particulièrement à pied en suivant un parcours fléché. Selon les heures de la journée, la façade de la cathédrale prend des teintes rouges, comme l’acier corten de la construction du musée Soulages situé à faible distance de là. Un musée (inauguré en 2014) à l’architecture résolument moderne primé en 2017.
Alors, Rodez ville moderne ou ville d’histoire ? Pour trancher, il suffit d’y aller !
De Rodez à Brousse le Château
La route des lacs
De la préfecture de l’Aveyron, située au coeur du département, vers les rives du Tarn au sud, cet itinéraire nous conduit par un vaste plateau verdoyant vers une succession de lacs avant d’atteindre la bordure de ce plateau délimité par le Tarn. Pour rester au plus près de ces paysages caractéristiques du sud du Massif Central, c’est par les petites routes du réseau secondaire que nous partons. Afin de cumuler le plaisir des yeux et les sensations que sont à-même d’offrir nos motos : la truffe au vent et les virages serrés !
Rodez n’est pas seulement le siège de l’administration du département, c’est aussi une ville agréable comme l’atteste son centre historique (autour de la cathédrale) qui est sillonné de rues piétonnes. Pour en repartir, évitons la N88, qui est l’axe majeur qui relie la ville, pour aller emprunter la D12 à peine situé à 3 km du centre. Ainsi, très rapidement, nous plongeons dans un tout autre univers où la nature reprend vite ses droits. Malgré tout, nous arrivons en peu de temps à Pont-de-Salars et son lac artificiel. Car, celui-ci comme son voisin presque immédiat, le lac de Pareloup, sont des lacs dus à la construction de barrages. Cumulant au total 1600 ha de plans d’eau et 6 plages aménagées, ces lacs du Lévézou constituent (comme aiment à le dire les adeptes) une « mer à la campagne » ! D’ailleurs, baignades et activités nautiques y sont pratiqués aux beaux jours.
En bordure du lac de Pareloup, la petite ville de Salles-Curan avec ses rues pentues, son église au point le plus haut et ses petits commerces laisse, l’impression d’arriver dans une commune de montagne ! En repartant, entre étendue d’eau d’un coté et relief boisé de l’autre, nous nous éloignons des lacs pour nous rapprocher des bordures du plateau du Lévézou à la petite commune de Castelnau-Pegayrols. Le centre de ce village médiéval comporte des édifices classés (château, église,…), des rues et bâtisses anciennes, ou voutes de pierres qui transportent le visiteur vers d’autres temps. A proximité du village, l’horizon offre une vue sur les Grands Causses. D’ailleurs nous quittons désormais le plateau pour rejoindre, par une route où s’enchainent quelques beaux virages, le bord du Tarn et le paisible village de St-Rome-de-Tarn. Une occasion de se restaurer, ou simplement se rafraichir en faisant une pause sur la place principale, à l’ombre de quelques platanes. Sur les maisons, les toits de lauze ont laissé leur place aux tuiles canal. La sensation d’avoir changé d’environnement climatique et géographique est flagrante.
Dorénavant, nous longeons le Tarn et profitons encore de paysages sauvages sur un petit relief qui peine à suivre les méandres de la rivière avant de terminer cet itinéraire au charmant petit village de Brousse-le-Château. Comme son nom le laisse supposer, le village actuel est construit au pied d’un château médiéval, lui-même posé sur un surplomb, qui a conservé son enceinte fortifiée et ses anciennes constructions de pierres, une partie de son chemin de ronde et un très beau petit pont d’accès. Le village est classé parmi les plus beaux villages de France, un classement que nous ne pouvons que confirmer !
De Brousse-le-Château à Millau
A travers le Parc Naturel Régional des Grands Causses
Au sud du Massif Central, les grands causses regroupent une série de hauts-plateaux calcaires cisaillés par des rivières pour former au fil du temps des falaises, des gorges ou des vallées. Cette géomorphologie particulière s’est affirmée comme terre pastorale à travers l’histoire pour former un patrimoine et une culture typiquement caussenarde. Reconnu comme patrimoine mondial de l’humanité par l’unesco et protégé par la création d’un Parc Naturel Régional, c’est à la découverte de ce territoire unique et saisissant que nous vous invitons.
En bordure du Tarn et juché sur un éperon rocheux, le château et les fortifications du IX ème siècle de Brousse-le-Château constituent le point de départ de cet itinéraire. Nous quittons le bord de l’eau pour nous éloigner vers le sud via quelques km de D902 que nous abandonnons rapidement pour emprunter une toute petite route qui escalade un relief boisé vers Le Viala-du-Dourdou. Un petit village et une minuscule route de campagne qui, étonnamment, conduisent à une série de menhirs plantés ! Des vestiges du néolithique (enfin leurs copies) simplement plantés en bordure de champs… là où ils ont été découverts. Quelques hameaux et fermes plus loin, nous retombons sur une route départementale qui nous conduit à St-Affrique. De sa longue histoire subsiste le pont-vieux (XIV ème siècle) à proximité de l’église néo-gothique surmontée de sa grande flèche. Mais à proximité c’est le village de Roquefort qui vole la vedette. Il faut dire que par sa situation géographique (sur les hauteurs d’un causse), et ses caves où sont affinés les fameux fromages, la petite commune de Roquefort-sur-Soulzon attire les esthètes et les gourmands !
La route repart ensuite à l’ascension du plateau suivant (virages sympathiques!) pour offrir un magnifique panorama sur la région. Ste-Eualie-de-Cernon, sera la prochaine halte. Car en dehors du charme très méridional du village actuel, Ste-Eulalie est également le siège de la principale commanderie de l’ordre des Templiers, qui date du XII ème siècle. Nous arrivons sur le plateau du Larzac et ses paysages de steppes sauvage. Après avoir coupé l’A75, arrêtons-nous aux fortifications de La-Couvertoirade. Cité Templière unique, les moines soldats Templiers puis Hospitaliers se sont, en effet, succédés sur le Larzac du XII ème siècle à la révolution française. Le plateau s’étire ainsi jusqu’à Nant, un village dont le charme en fait un lieu de halte appréciable.
A partir d’ici, jusqu’à Millau, la D991 pénètre dans un nouveau paysage aussi beau que plaisant à parcourir à moto : les gorges de la Dourbie, qui assurent la séparation entre le Causse noir et celui du Larzac. Sur une trentaine de km, quelques villages perchés, comme Cantobre, viennent épouser ce paysage naturel vraiment très beau, avant l’arrivée à Millau qui marque la fin de cet itinéraire. La capitale de la ganterie est nichée au creux d’un effondrement naturel créé par le Tarn entre le plateau du Lévézou et le Causse Noir. C’est cette vallée qui est franchie par le viaduc de Millau, une œuvre titanesque de presque 2,5 km et réalisée en seulement 3 ans. Si le viaduc se visite de multiples façons, pour conclure cette balade à moto, rendons-nous au village de Peyre, à proximité immédiate de Millau et le long du Tarn. Accroché à flanc de falaise, ce « plus beau village de France » présente la particularité d’abriter des constructions troglodytiques (comme l’église), tout en offrant un point de vue inégalable sur la vallée et le viaduc.
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