Pour rouler de la terre à la Lune, il existe une solution simple : enfourchez votre moto et mettez le cap sur la Provence ! Différents itinéraires permettent d ‘atteindre cet objectif. Nous vous proposons de les explorer avec nous.

Entre Alpes et Méditerranée, s’étend un pays ou les champs de lavande concurrencent les vignobles pour pousser sur une terre sèche et rocailleuse, régulièrement balayée par le Mistral et presque toujours baignée de soleil. Or il suffit d’un simple passage sur ces terres Provençales pour apercevoir sa silhouette dans le paysage. Car, avec près de 2000 m d’altitude et son isolement géographique, celui que l’on surnomme le Géant de Provence est visible de loin.

Au delà des amateurs de vélo (qui sont nombreux à venir le défier), le Mont Ventoux est apprécié par tous les amoureux de nature. Car sa situation géographique exceptionnelle, offre un climat, mais aussi tout un écosystème, remarquable. Au pied de son versant méridional, ce sont les vignobles, qui s’accaparent le territoire (appellation AOC Ventoux). Cet ensemble varié permet de classer le Mont Ventoux en « réserve de biosphère » par l’UNESCO. Alors amis motards, réjouissez-vous car ce relief, unanimement reconnu comme un pôle d’attraction, nous réserve des routes sinueuses au revêtement parfait, qui enchanteront l’explorateur de belles trajectoires qui sommeille en chacun de nous !

En arrivant du Nord, ce sont les terres chaotiques et sillonnées de vallées des Baronnies qui planteront le décor. Pour ceux qui viennent du Sud, la beauté sauvage des gorges de la Nesque ne laissera personne indifférent. Mais quel que soit votre itinéraire, les derniers kilomètres pour arriver au sommet, vous plongeront dans un décor exclusivement minéral, qui offre la sensation unique de rouler sur la Lune !

Gravir le Mont Ventoux est sans doutes un classique des amateurs de deux-roues. Motorisés ou non. Ainsi, des cyclistes de différentes nationalités viennent parfois de loin se lancer dans son ascension, mais les motards également ! Or, le fait qu’il s’agisse d’un classique ne gâche en rien le plaisir attendu, croyez-moi ! Selon, la provenance de chacun, l’inclinaison moyenne de la route et donc le choix des difficultés, plusieurs itinéraires permettent de rouler vers le sommet.

Commençons par le Nord, avec un départ de Vaison-la-Romaine. Depuis les inondations de 1992, l’image qui reste gravée dans les mémoires est celle du pont gallo-romain. Son arche unique, de 17 mètres de long, enjambe l’Ouvèze depuis le 1er siècle et assure, aujourd’hui, le lien entre la ville historique et moderne. Sur la place principale de la ville, mais aussi les rues environnantes, tous les mardis un grand marché (qui passe pour être le deuxième plus grand de Provence) prend possession de la ville. Ces jours là, inutile d’espérer circuler dans le centre, alors autant profiter des odeurs et des couleurs des étalages. Et, pourquoi pas, en profiter pour se constituer un pique-nique ?

C’est en suivant l’Ouvèze (D54) que nous quittons la ville pour rejoindre la vallée du Toulourenc et la D 40. La route est sinueuse et régulièrement apparaitra sur la droite le toit pelé du Ventoux. À Brantes, une bifurcation permet d’atteindre le cœur du village. La petite route escalade le relief pour atteindre une « auberge de pays », où déjeuner en terrasse permet de profiter du décor et de sa quiétude. En reprenant la route vers Montbrun-les-Bains, nous suivons toujours le Toulourenc et ses sinuosités, mais le relief s’estompe pour laisser place à une grande plaine. Prenons sur la droite la D 942 vers Aurel et, à nouveau du relief ! Les vielles bâtisses sont caractéristiques de la région. Étroites et en hauteur, elles reprennent les modes de construction de « l’habitat perché provençal » qui plaçait les bêtes en bas et les hommes au dessus. Une architecture que nous retrouvons à Sault, un peu plus loin.

Sault domine une vallée où sont cultivés épeautre et lavande. Nous sommes, en effet, sur un plateau à près de 1000 m d’altitude. Durant la seconde guerre mondiale, cette position stratégique a donné naissance au Maquis du Ventoux. À la sortie de la ville, un mémorial rend d’ailleurs hommage à ses combattants. Mais Sault est également une voie d’accès au Ventoux. Pour les cyclistes, il s’agit de l’accès le moins difficile car le plus progressif dans son dénivelé. Pourtant, à la bifurcation (vers la D 164), un panneau interdit l’accès aux cars non équipés de freinage sécurisé…

Dans un premier temps, le ruban d’asphalte (de parfaite qualité !) est bordé de forêt. Peu à peu les chênes laissent place aux pins. Puis, la température fraichit et les arbres disparaissent. Le chalet Reynard permet une halte bien appréciée pour savourer un café au soleil à l’abri du vent froid, tout en profitant, déjà du spectacle de ce décor pelé. En repartant, l’ascension reprend de plus belle, les virages serrés débouchent soudainement sur un décor minéral et blanc. Le socle calcaire du Ventoux semble refaire surface en perçant la faible couche de terre. Ce qui de loin pouvait faire croire à un sommet enneigé trouve finalement une explication géologique. Nous sommes à la fin du mois de Mai, mais c’est avec les doigts gelés que nous arrivons au sommet. Le vent glacé balaye le paysage totalement dénudé. Assurément, nous sommes arrivés sur la lune !

Chercher à rejoindre le sommet du Ventoux par le versant sud offre d’autres spectacles. Les cyclistes (encore eux !), choisissent généralement le village de Bédoin comme point de départ. Cette ascension, plus directe, est réputée pour être la plus difficile. En empruntant la D 974, elle conduit au chalet Reynard en à peine 15 km. Le dénivelé y est donc important, pendant que les abords sont peuplés de cèdres dans une forêt assez dense. Mais pour les motards amateurs de trial, Bédoin c’est d’abord le siège du Ventoux Trial Classic. Une discipline pratiquée dans le sud de l’hexagone depuis les années 1950. Plus humblement, cette région viticole sera pour nous un autre point de départ de cette nouvelle ascension que nous choisissons indirecte.

Nous commençons, en effet, par rejoindre Mormoiron (D 14), à travers des paysages de vignes. Quelques bons vins sont produits ici… que les amateurs de bonne chaire ne manqueront pas de goûter (lorsque le soir sera venu !). À partir de Villes-sur-Auzon, nous allons chercher la D 942 et d’autres décors. La signalétique locale précise que nous partons vers Sault via la « route touristique des Gorges de la Nesque ». Il existe, en effet, une autre route, plus directe, et parallèle à celle-ci. De fait, emprunter cet itinéraire est réservé aux amateurs de paysages exceptionnels. Il s’agit donc d’une route peu fréquentée. Nous partons vers un plateau appartenant aux Monts du Vaucluse, largement formés de calcaire, dont la lente érosion est à l’origine de falaises exceptionnelles. L’ascension est progressive et, dans un premier temps, les abords sont essentiellement composés d’épineux. Placée sur le bord de la Nesque, la route suit ses sinuosités en s’élevant peu à peu. Lorsque les falaises apparaissent, cette route à encorbellement se taille parfois un passage dans la roche, occasionnant alors quelques tunnels. Quelques belvédères permettent d’admirer le paysage de façon sereine et d’apercevoir, au loin, le Mont Ventoux. Peu après Monieux, nous rejoignons la D 1 puis Sault. L’observatoire au sommet du Ventoux est alors à moins de 30 km. Mais si vous empruntez cet itinéraire après avoir déjà atteint le sommet, rien ne vous empêche de poursuivre votre balade vers Séderon. En empruntant la D 63 vers le Col de L’homme Mort, puis le Col de Macuègne, les paysages restent sauvages, majestueux et la route un pur moment de bonheur motocycliste ! Satisfaction garantie !

Publié dans le Hors Série tourisme 2016 de Motomag.

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