Si certains rêves sont réalistes, nous sommes convaincus que le voyage à moto entre dans cette catégorie. Alors, pour mettre cette conviction en application, nous avons décidé d’aller de Paris à Sydney à moto. Soit 30 000km et 6 mois de voyage.

Un rêve a besoin d’être entretenu pour perdurer et diffuser d’agréables sensations. Pourtant, nourrir un rêve inaccessible peut aussi changer le plaisir en frustration. Non ?

Et bien en ce qui nous concerne, à force de lire des récits de voyageurs, ce qui était du plaisir s’est, un jour, bêtement changé en énervement. Il nous fallait donc une explication, … que nous n’avons pas cherchée longtemps.

Il apparaissait assez clairement que nous étions simplement jaloux. Alors pour ne pas finir frustrés, il ne restait qu’une solution : partir nous aussi !

Bien sûr, il restait à régler deux ou trois détails (les enfants ? l’appartement ? l’argent ? la moto ?). Nous tranchons : ce sera six mois pour aller de Paris à Sydney, et rouler « jusqu’au bout du monde » ! On trouvait ça plutôt chouette. Bref, nous recommencions à rêver. Mais les longs voyages demandent une longue et minutieuse préparation (tous les gens sérieux savent ça).

Or ce n’était pas notre cas. Alors nous n’osions pas nous voir en voyageurs. Car finalement, c’est sans doute ça le plus difficile : s’autoriser à croire qu’un rêve peut devenir réalité. Lorsque la décision est prise, le plus difficile est déjà fait !

Ainsi, par une belle journée de Mai, nous avons mis le cap au sud. Entre le printemps européen et l’été austral, nous nous attendions à souffrir de la chaleur, et n’avions rien prévu contre le froid. Ce que nous avons regretté : en franchissant les cols alpins (neige fondue), sous les trombes d’eau direction Venise, puis en Croatie (un peu), sur la route d’Ankara (beaucoup), ou encore sous la grêle au Kurdistan !

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C’est d’ailleurs sous une pluie italienne que nous avons rencontré Dirk, un motard allemand au guidon d’une autre Super T, en route pour l’Albanie. Un garçon aussi petit que bavard et toujours de bonne humeur. Soit un bon compagnon de voyage avec qui nous avons décidé de faire un bout de route. Nous avons filés vers la côte Slovène, au charmant petit port de Piran. Les jours suivants, par des routes magnifiques au revêtement parfait, les villes de la côte Croate (Rijeka, Zadar, Split) sont venues ponctuer un décor sauvage très méditerranéen et peu fréquenté en cette saison. Le tourisme de masse semble en effet concentré entre Dubrovnik et ses remparts.

Nous avions dans l’idée d’y passer au moins quelques temps, mais les autocars et les groupes guidés ont eu raison de notre patience ! Nous sommes repartis vers des routes sauvages et des villages aux noms imprononçables en direction du Monténégro.

Pour nos étapes, chaque soir, il suffit de demander conseil à la première personne croisée pour que celle-ci s’empresse de nous guider, ou de décrocher son téléphone pour nous trouver un hôtel, un appartement à louer, ou une chambre chez l’habitant ! Nous ne le savions pas encore, mais la gentillesse, l’accueil spontané et la bienveillance allaient devenir nos compagnes pour longtemps…

Parmi les endroits où nous souhaitions nous attarder, il y avait les bouches de Kotor, au Monténégro. Un site majestueux où la mer semble avoir creusé un passage pour s’engouffrer dans les terres. Entourée de montagnes, ce morceau de mer intérieur façonne un décor exceptionnel que des petites « routes à motos » permettent d’explorer, tout en prenant de l’altitude. Vue exceptionnelle garantie !

Les bouches de Kotor au Monténégro

Enfin, un beau jour, nous sommes arrivés en Albanie, où Dirk devait nous quitter. J’ai à peine insisté pour le convaincre de venir à Istanbul …fêter mon anniversaire ! Bref, il est resté.

Après un court passage en macédoine, c’est donc toujours à trois personnes et deux motos que nous sommes entrés en Grèce, notre huitième frontière. En effet, depuis l’éclatement de la Yougoslavie, les États se sont multipliés et, pour être tout à fait franc, il nous est arrivé de nous présenter à une frontière sans savoir dans quel pays on se présentait… (Je sais, ce n’est pas très glorieux). Nous avons cherché un petit coin tranquille en bord de mer pour y passer quelques jours avant de traverser le Bosphore et, cette fois, entrer officiellement en Asie.

Istanbul

Avant de franchir le pont suspendu, au bout duquel un panneau annonce « welcome in Asia », nous avons arpenté les rues pentues d’Istanbul. Une ville tentaculaire (14 millions d’habitants), qui semble ne jamais stopper sa croissance, mais qui conserve une ambiance agréable et des quartiers historiques où il fait bon déambuler. Un matin, Dirk remet le cap vers la Suisse, pendant que nous poursuivons vers l’Est. Direction la Cappadoce, à travers le plateau anatolien où les paysages peuvent sembler monotones tant les distances sont uniformément grandes et les villes rares. Mais une certaine poésie s’en dégage également. Sans compter qu’à chaque pause, la gentillesse des turcs trouve toujours le moyen de s’exprimer. Un verre de thé, un sourire, un brin de conversation…

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Car si la modernité s’empare du pays sans détours, après des décennies de tourisme de masse, ou de travailleurs partis tenter leur chance ailleurs, la gentillesse des turcs perdure sans jamais faillir. Ainsi, à Göreme, les touristes peuvent sillonner la géographie exceptionnelle de la Cappadoce en chevauchant des quads par groupes, mais il suffit de choisir un autre village pour retrouver une ambiance paisible. En pleine période électorale, les conversations politiques fusent spontanément. En arrivant à l’Est du pays, les kurdes sont particulièrement heureux du résultat des urnes, et ils le font savoir, bruyamment et dans la rue !

Sans l’évoquer directement, nous redoutions l’entrée en Iran que nous imaginions comme un pays difficile à vivre. Le pays des mollahs a mauvaise presse et, en passant la frontière, Fred se retrouve, comme toutes les femmes, dans l’obligation de se couvrir la tête et les bras (heu…les jambes aussi, bien entendu !). S’il s’agit bien sûr d’une contrainte, la gentillesse, l’accueil et l’hospitalité des Iraniens est telle que nous ne pouvons qu’aimer ce peuple. Il suffit de stopper la moto pour que quelqu’un s’approche pour nous offrir du thé, des fruits, nous proposer son aide ou nous souhaiter la bienvenue ! Un de nos interlocuteurs nous dira que les religieux ne représentent que 10% de la population…même s’ils imposent leurs règles.

Les iraniens et la super T

Dans un autre registre, l’Iran a également marqué un seuil géographique. La chaleur est devenue omniprésente (50º à Téhéran). Dorénavant nous devons changer nos habitudes de vies car être sur la route à la mi-journée est simplement insupportable ! Un rythme que nous conserverons en Asie centrale. Le Turkménistan symbolise ce climat continental. Car si le pays connaît des hivers rigoureux, les températures estivales sont quotidiennement au dessus de 45º. Or, le pays est grand, plat, désertique (quelques dunes de sable), mais aussi pauvre et peu peuplé. Exception faite bien entendu de la capitale Achgabat. Surnommée la « ville blanche » en raison de ses constructions exclusivement réalisées en marbre blanc, les rues d’Achgabat sont régulièrement bordées par des portraits immenses du chef d’État. Un curieux mélange donc de Walt Disney et de Corée du Nord !

Achgabat, l'étrange .capitale turkmène

Visa de transit oblige, nous n’avons que trois jours pour traverser le pays et entrer en Ouzbékistan. Le temps malgré tout de faire quelques belles rencontres et d’apprécier le caractère trempé des femmes qui donnent l’air de tenir les rennes sociales et économiques.

Bouchara, la route de la soie

En roulant vers Boukhara, le passé prestigieux de la région s’impose avec évidence. Ancienne étape de la route de la soie, Alexandre la Grand, Gengis Khan ou la Russie Soviétique sont passés par là, laissant chacun leur empreinte. Les mosquées ou les madrasas (école coraniques) offrent, dans leur vue d’ensemble comme dans leurs détails, une architecture remarquable. Malgré cet imposant et prestigieux passé, déambuler dans les vieux quartiers reste paisible et les Ouzbèques échangent volontiers quelques mots (de russe) avec les rares étrangers de passage. Un peu plus loin, Samarkand profite de son nom mythique pour attirer un peu de tourisme et réorganiser son centre historique (autour du Régistan) en secteur piéton. Nous croiserons ici quelques routards venus humer de plus près l’ancienne capitale de Tamerlan.

 

Montagnes kirghizes

Nous profitons de ces décors sauvages et paisibles car bientôt notre première opération de fret nous fera éviter un couteux passage en Chine pour entrer en Inde directement. En effet, à notre arrivée à Delhi, l’ambiance change du tout au tout !

Fini les ambiances paisibles, les sourires et les douces attentions. Sous son couvercle de pollution, la capitale indienne est bruyante, surpeuplée d’êtres humains comme de véhicules en tout genre (rickshaw, camions, voitures, bus, motos, vélos, etc.) et les échanges ont une fonction, majoritairement économique. Enfin, pour couronner ce changement de latitude et de culture, la mousson nous offre ses premiers orages. Nous décidons de partir vers le nord, dans l’espoir d ‘échapper aux pluies, avant d’obliquer vers l’Est et le Népal. Moins de trois mois après le terrible tremblement de terre, nous ne savions pas trop à quoi nous attendre. Pourtant, dans l’étonnante variété de paysages qu’offre le pays (de la plaine tropicale du Terai aux sommets enneigés), peu ou pas de séquelles de ce séisme avant d’arriver à Katmandu.

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Dans les quartiers historiques autour de Durbar Square (classé au patrimoine mondial de l’UNESCO), les ruines sont déblayées et triées (en vue d’une reconstruction ?). Le point d’arrivée de la « hippies trail » des années 1960 a pris une claque, mais à l’image de Suraj (à qui nous avons fait appel pour notre prochain fret) les népalais gardent le sourire et ne se laissent pas abattre. Plus à l’Est, le Myanmar vient de subir une catastrophe due à une mousson particulièrement violente. Moralité : l’Australie est encore loin !

Nous avons quitté Paris par un beau jour du mois de Mai, à deux sur une Yamaha 1200 Super Ténéré, dans l’idée de rallier Sydney six mois plus tard… À ce moment là, nous pensions encore que pour voyager à moto il faut avoir besoin de : solides connaissances en mécanique, une bonne résistance physique, un compte en banque bien rempli, être polyglotte, avoir un bon sens de l’orientation, une sérieuse trousse à pharmacie, une bonne organisation, revoir sa définition du confort, etc. Aujourd’hui, nous sommes convaincus que rien de tout cela n’a de réelle importance !

Suvarnabumi, c’est le nom de l’aéroport de Bangkok. Grand, d’une propreté immaculée, et sous air très conditionné (heu…presque froid !). Il est à lui seul un résumé du pays : organisé, fonctionnel, efficace. La moitié des boutiques sont des restaurants, l’autre moitié est dédiée à l’accueil des touristes. Car, autant l’avouer tout de suite, tourisme et Thaïlande sont des mots qui vont très bien ensemble ! Il faut dire que nous y arrivons début Août, et que l’attrait de belles plages et d’eau à 30º sur des îles tropicales est capable de susciter l’envie de quelques personnes… Dans un premier temps, nous avons, comme tout le monde, sillonné Kaosan road et son quartier touristique, écumé les cuisines de rues et tâché de découvrir Bangkok.

Puis, les Thaï étant très organisés, récupérer la moto à la zone de fret n’a nécessité qu’une journée. Mais, puisque les Thaï sont très organisés, lorsque j’ai voulu emprunter ma première autoroute urbaine, le préposé au guichet d’accès était paniqué, ne sachant que faire de moi ! Car en Thaïlande, les autoroutes sont interdites aux motos…

Ferry pour les îles thaï

Nous avons quitté Bangkok, avec l’envie pressante d’aller piquer une tête dans le mondialement connu golf de Siam. Nous avons cru que Kho Tao serait l’île la moins fréquentée et la plus « sauvage ». Mais ça c’était avant ! Nous avons donc renoncé aux eaux tropicales et avons fui vers le nord du pays, et le triangle d’or. Une zone montagneuse à la nature exubérante, jadis l’une des principales zones de la production mondiale d’opium et …du trafic qui en découle. « Triangle » car situé aux confins des territoires du Myanmar, du Laos et de la Thaïlande. La route que nous empruntons est sinueuse car elle épouse les reliefs, tantôt cultivés, tantôt colonisés par des bananiers, des palmiers et autre végétation bien verte et tropicale. Nous longeons le Mékong qui marque la frontière avec le Laos. L’ancienne colonie française porte d’ailleurs les stigmates de son histoire. On y circule à nouveau à droite de la chaussée, et les enseignes administratives portent également des inscriptions en Français. De retour côté Thaï, nous prenons la direction de Chiang Rai avant de remettre le cap vers la capitale, puis le sud du pays. Les villes et villages du nord sont paisibles et les échanges avec les Thaï reprennent de l’humanité, au point d’avoir parfois la sensation d’être dans un autre pays, loin du tourisme de masse. Ouf !

Route thaïlandaise

Pour notre dernière escale en Thaïlande, nous passons quelques jours avec des copains qui ont un centre de plongée. L’occasion de découvrir les magnifiques fonds marins qui font du pays une destination appréciée des plongeurs du monde entier.

Enfin, après 4000 km et 5 semaines à sillonner la Thaïlande, nous nous présentons à la frontière Malaisienne. C’est Mariam qui nous accueille derrière son guichet de police. Elle porte l’uniforme qui sied à sa fonction, mais aussi un voile pour couvrir ses cheveux. Car avec l’entrée en Malaisie, nous revenons en terre d’Islam. Le pays est moderne et la première manifestation de ce modernisme s’exprime pour nous à travers un réseau routier excellent et des autoroutes gratuites pour les deux-roues. Kuala Lumpur, la capitale, n’a d’ailleurs rien à envier aux capitales occidentales. Mais ça nous ne le saurons que plus tard… En attendant nous faisons route vers Penang, à l’ouest du pays.

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Penang est une île, même si elle est collée au continent par le plus long pont d’Asie (14 km). La capitale régionale est Georgetown, une ville charmante qui porte les marques de son histoire coloniale. Un passé sous domination britannique qui a débuté au XVIII ème siècle avec la « Compagnie Anglaise des Indes Orientales ». De cette grande base du négoce, il reste aujourd’hui une architecture remarquable (classée au patrimoine mondial de l’UNESCO) dans laquelle il fait bon se promener. Si Singapour a repris la main pour ce qui concerne le commerce mondial, l’histoire mouvementée de Penang se retrouve aujourd’hui à travers un multiculturalisme particulièrement visible. Ainsi, selon les quartiers, le visiteur a tour à tour la sensation d’être en Chine ou en Inde, sans compter les influences Thaï ou Birmanes… Penang est d’ailleurs le seul Etat du pays sans majorité malaise. Expression particulièrement agréable de ce multiculturalisme, il suffit de changer de quartier pour changer de menu. En ce qui nous concerne, nous adoptons « Little India » pour la cantine !

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Mais la Malaisie c’est aussi une patrie de la moto. Sportives, GT, gros trails, les motos de grosses cylindrées pullulent par ici, et les propriétaires sont souvent membres de moto clubs. De fait, il règne une « confrérie motarde » toujours prête à rendre service. Ce qui tombe bien pour nous car le pneu arrière de la Super T (avec plus de 21000 km dans les dents) est en fin de vie. C’est un motard local qui m’accompagne pour trouver la bonne gomme avec un tarif adapté. Nous sommes également conviés à un grand rassemblement de motards à Kuala Lumpur, « l’Asean Event », où sont attendus 10 000 motards du sud est asiatique plus…deux français, et un Indien !

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Pourquoi un indien vous dites-vous ? Et bien parce qu’à Penang nous avons également rencontré Atul, un motard indien, en voyage au guidon d’une 350 Royal Enfield. Il se dirige vers l’Australie et nous décidons donc de faire un bout de route ensemble. Le départ de ce bout de route va d’ailleurs arriver plus tôt que prévu. De Malaisie nous avons, en effet, prévu d’entrer en Indonésie par l’île de Sumatra qui se trouve juste « en face » de Penang, de l’autre côté du détroit de Malacca. Or, suite à la compétition commerciale sévère initiée par les vols low costs, les ferrys ont renoncé à ce trajet. Pour acheminer la moto à Sumatra, nous faisons donc appel à M. Lim et un vieux cargo en bois dont le chargement est normalement constitué d’oignons et de salades ! Celui-ci fait une rotation par semaine, mais la prochaine (deux jours plus tard), sera la dernière avant une interruption de 3 semaines. Si nous ne voulons pas rater le coche, nous avons donc rdv au port dès le lendemain. Les motos sont chargées à l’aide d ‘un filet et d’une grue, il ne nous reste plus qu’à réserver un billet low cost (20 € !) pour nous. Direction l’Indonésie.

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Le point d’entrée sera donc Medan, au nord est de Sumatra. Et l’Indonésie est notre dernier pays avant l’Australie… « L’île Continent » se rapproche, mais lentement. Car l’archipel indonésien est immense : d’une extrémité à l’autre, il s’étale sur 5000 km, compte 17000 îles et occupe une surface de près de deux millions de km2 ! Si on y ajoute les nombreux ferrys pour passer d’une île à l’autre, un réseau routier en mauvais état et un trafic important, on comprend vite qu’il faudra du temps pour en venir à bout. Ce qui d’ailleurs n’est pas pour nous déplaire. Car dès l’arrivée à Sumatra, nous sommes sous le charme. Les indonésiens se révèlent être des interlocuteurs, puis des compagnons, d’une gentillesse rare doublée d’un sens de l’humour particulièrement aiguisé et toujours disponible. Les séances de fous rires intègrent notre quotidien pour notre plus grande joie !

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Parmi les particularités de l’Indonésie, la forêt de Sumatra abrite une espèce animale rare : les orang outans. Difficile de passer par ici sans s’y intéresser. Deux jeunes guides nous emmènent donc sur les traces du gros singe orange, dans une randonnée plutôt sportive où nous suons sang et eau ! Quelques jours plus tard, c’est dans un cratère de volcan (éteint !) que nous faisons escale. Majoritairement noyé sous l’eau, seule une petite île émerge : Samosir. Un petit bateau sur le lac Toba nous y conduit à la nuit tombée. L’endroit est paisible et présente la particularité d’être occupé essentiellement par le peuple Batak. Dans les villages, les églises chrétiennes remplacent les mosquées et les maisons traditionnelles sont en bois, sur pilotis et surmontées d’un toit qui se termine en pointe sur les deux pignons.

En faisant route vers la côte sud, nous avons cette fois à faire avec le réseau routier en mauvais état, des voies particulièrement étroites, un relief sinueux et un trafic chargé particulièrement usant pour les nerfs ! Bien sûr, il fait chaud mais le ciel est tout blanc, chargé de particules émises par les gigantesques feux de forêts qui ont lieu sur la côte est de l’île. Ainsi, les longues heures sur les routes se traduisent par de faibles avancées, ce qui pourrait être décourageant. Mais pourtant, chaque jour, au moindre arrêt il se trouve un curieux qui vient nous faire la conversation. Souvent d’abord intrigué par cette moto, inconnue sous ces latitudes, mais invariablement s’en suit un premier geste gentil, puis une photo avec nous, puis des rires et des poignées de mains… Tout au long de la traversée de Sumatra, ce type de scène s’est reproduit régulièrement. Mais bientôt un ferry nous dépose sur l’île de Java, la plus peuplée du pays, qui abrite également Jakarta, la capitale. La bonne humeur des indonésiens se poursuit par ici, mais nous découvrons une autre spécialité locale : les embouteillages monstres ! Les deux-roues y sont beaucoup plus nombreux que les véhicules à quatre roues, ils débouchent de n’importe où et à n’importe quel moment pour venir combler le moindre espace qui semble disponible, ou pas ! C’est avec soulagement que nous sommes arrivés à Bali. L’île a deux facettes : le centre et le nord dominés par une nature flamboyante, le sud dominé par un tourisme de masse. Ceux qui imaginent l’Indonésie avec des plages de sable blanc devront aller sur l’île de Lombok. Le paradis des surfeurs offre une nature beaucoup plus sèche que Bali, mais difficile de résister au charme de cette île.

Bali-Indonésie

Après un mois et demi en Indonésie, la dernière frontière du voyage nous tend les bras… Pour notre dernier mois, nous entrons donc en Australie par l’aéroport de Darwin. Sydney est à environ 5000 km d’ici et nous commençons cette longue route par une traversée de l’Outback. Les terres rouges du désert offrent des lumières magnifiques mais aussi des grosses chaleurs (40 º). Les premiers kangourous que nous croisons sont allongés au bord de la route… victimes de leur premier prédateur : le road train !

Road train australien

Il faut dire que au volant de ces camions qui trainent 3 ou 4 remorques et lancés à plus de 100 km/h, l’improvisation doit être limitée. Sans doute monotone pour certains, nous aimons cette nature immense uniquement ponctuée de petites villes et de « roadhouses », ces escales composées d’une station service/bar/commerce. Une sorte de « Far East » où les cowboys sont au volant de pick-up 4×4, avec chapeau et lunettes de soleil. Un peu comme pour la langue, les australiens ont quelque chose de britannique mais adapté à leur mode de vie. Les « hey mate » ou interpellations par le prénom ne sont pas réservées aux amis. Bref, les australiens sont plutôt cool et toujours prêts à échanger quelques mots. À Brisbane, nous découvrons une autre facette du pays. Les cowboys disparaissent au profit des hipsters, les 4×4 recouverts de terre font place aux voitures urbaines.

Outback

Sur la Gold Coast, les panneaux annoncent Sydney à moins de 1000 km. Nous y serons dans quelques jours. Après six mois et demi de voyage et près de 30 000 km parcourus, la moto tourne comme une horloge. Nous avons maigris mais, comme à la suite de tout projet inutile et pourtant essentiel, nous sommes heureux ! Car nous avons appris une chose fondamentale : le bout du monde n’est pas si loin !

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